​ Jérusalem, église Sainte-Anne, Dépôt lapidaire ​- ​Inscription funéraire pour Jean de Valenciennes  ​  ​  ​  ​


Jérusalem, église Sainte-Anne, Dépôt lapidaire ​- ​Inscription funéraire pour Jean de Valenciennes

Inscriptions du Royaume latin de Jérusalem CIFM, vol. Hors-série III ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un laïc. 
Pierre (calcaire coquillier, fin et dur).  État de conservation : bon.  ​ Cette tombe fragmentaire a été découverte en 1874 au pied même de l'escarpement artificiel fait de blocs de matériaux qui servait de défense au Mont Sion, sur le versant sud-ouest, entre l’école protestante de l’évêque Gobat et le cimetière anglican. C’est pourquoi Denys Pringle la classe dans la notice consacrée à l’église Sainte-Marie du Mont Sion. Inscription fragmentaire conservée dans le Musée lapidaire des Pères Blancs, sous le numéro d’inventaire PB3751. Gravée en creux.
Datation : Première moitié du xiiie siècle [par analyse paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu le 13 mars 2018.
Clermont-Ganneau ​Charles, « Sur des matériaux inédits pouvant servir à l'histoire des croisades » Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 20e année, nº1, 1876, p. 66-67 [texte] ; Warren ​Charles, Conder ​Claude Reignier, The Survey of Western Palestine : Jerusalem, London : The Committee of the Palestine Exploration Fund, 1884, p. 428, n°31 [texte] ; Clermont-Ganneau ​Charles, « The Tombstone of Jean de Valenciennes » Archaeological researches in Palestine, during the years 1873-1874, vol. 1, Londres : Palestine Exploration Fund, 1899, p. 276-279 [texte, dessin, commentaire] ; De Sandoli ​Sabino, Corpus Inscriptionum Crucesignatorum Terrae Sanctae (1099-1291) : Testo, traduzione e annotazioni, Jerusalem : Franciscan Printing Press, 1974, p. 166, n°224 [texte, dessin, commentaire] ; Pringle ​Denys, The churches of the Crusader Kingdom of Jerusalem : a corpus. Volume III: the city of Jerusalem, New York/Cambridge : Cambridge University Press, 2007, p. 285 [texte] ; Boas  ​Adrian, Crusader archaeology : the material culture of the Latin East, London/ New York : Routledge, 1999, p. 231 [texte, commentaire] et p. 232 [photo].

Description paléographique

Disposition sur deux lignes horizontales. Écriture régulière et élégante, mélangeant lettres capitales et onciales. A capital avec traverse redoublée et plateau débordant du côté droit, H capital. L’alternance des formes est recherchée pour un même caractère : E capital (2e de requiescit) et E oncial (pour les 3 autres occurrences), 1erN de Valencinis capital et second oncial, V capital dans requiescit et oncial dans Valencinis. Des empattements, sous forme de trait fin, sont présents aux terminaisons des C et des E, et en boucle pour le V et le N de Valencinis. Abréviation du nom Johannes par contraction signalée par un tilde à renflement médian. Dimensions des lettres : H de hic 5 x 3,5 cm ; A de Valencinis 4,5 x 2,5 cm. Gravure profonde en V avec des pleins et déliés.





Édition imitative


1 ​HIC ​REQVIESCIT ​IOH̅S ​
2 ​DE ​VALENCINIS ​

1 ​HIC ​RQVIESCIT ​IOH̅S ​
2 ​D ​UALNCIIS ​

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1 ​HIC ​RQVIESCIT ​IOH̅S ​
2 ​D ​UALNCIIS ​

Légende

Rouge : caractères allographes.



1 ​HIC ​RQVIESCIT ​IOH̅S ​
2 ​D ​UALNCIIS ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Rouge : signe d'abréviation.



1 ​HIC ​RQVIESCIT ​IOH̅S ​
2 ​D ​UALNCIIS ​

Légende

Cette inscription ne contient pas de jeux de lettres.



1 ​HICRQVIESCITIOH̅S
2 ​DUALNCIIS

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Rouge : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition critique

Hic requiescit Joh(anne)s de Valencinis.

Traduction

Ici repose Jean de Valenciennes.

Commentaire

Cette inscription funéraire est sans doute la plus brève de l’ensemble du corpus, composée seulement de la formule hic requiescit et du nom du défunt. Clermont-Ganneau a interprété l’extrême brièveté de l’épitaphe et surtout l’absence de croix débutant le texte (alors qu’un espace était laissé libre pour la recevoir) ainsi que l’absence de points séparant les mots, comme une marque d’inachèvement. De plus, la localisation de l’épitaphe en haut de la tombe devait laisser la place aux armoiries, à l’instar de la tombe de Philippe d’Aubigny. La gravure aurait été interrompue par un événement majeur. Clermont-Ganneau proposa d’abord la prise de Jérusalem en 1187, puis se ravisa – la ressemblance avec la tombe de Philippe d’Aubigny étant frappante – et proposa une autre date, liée à un événement imprévu : le sac de Jérusalem par les Khwārizmiens, le 23 août 1244. Cette deuxième proposition est la seule en accord avec l’analyse de l’écriture.

Plusieurs personnages en lien avec la Terre Sainte portèrent le nom de Jean de Valenciennes : un vassal apparaît dans les actes du royaume de Jérusalem entre 1149 et 1174 et dans le Livre des Assises de Jean d’Ibelin ; les archéologues britanniques puis israéliens l’ont attribué à un certain Jean de Valence ou Johannes de Valencinus ; le croisé Jean de Valenciennes, mentionné par Joinville dans sa Vie de saint Louis, fut également évoqué, mais comme le souligne Pierre-Vincent Claverie, la carrière de ce chevalier hainuyer reste une énigme : il prit en main la seigneurie de Cayphas, ou Haïfa, plus de dix ans après la prise de Jérusalem par les Khwārizmiens à l’été 1244, mais il finit par disparaître en 1270, sans avoir remis les pieds en Orient. Il apparaît donc impossible qu’il s’agisse de sa pierre tombale.