anno.
Cette inscription fragmentaire mentionne une date et sans doute un nom. L’expression de la date occupe la majeure partie du texte (quatre lignes sur six). Il s’agit d’une indication chronologique très complète, avec la formule anno ab incarnatione Domini nostri Jhesus Christi introduisant le millésime, puis l’indiction (système de datation utilisé au Moyen Âge, indiquant le rang d’une année dans un cycle de quinze ans dont le premier a débuté en 312[2]), enfin le calendrier romain avec le jour et le mois. Le chiffre III qui débute la troisième ligne doit être la fin du millésime, car le nombre des indictions était en général placé après le mot. C’est la seule mention d’indiction dans le corpus épigraphique du Royaume latin de Jérusalem.
Le mot débutant par Straller à la cinquième ligne est sans doute un patronyme, car il ne correspond à aucun mot latin ; mais il est possible que la forme du nom ne soit pas complète. On trouve par exemple un Johannes Stralera est mentionné comme témoin dans un document rédigé à Tyr le 11 avril 1190, par Conrad de Montferrat pour la commune de Gênes[3]. Le mot de la dernière ligne a été identifié par Clermont-Ganneau comme la finale de jacet, verbe habituel des épitaphes. Cette proposition de l’Orientaliste a été prise comme un acquis par les historiens qui en ont fait une inscription funéraire. Il faut cependant montrer plus de réserve car cette fonction n’est pas assurée, même si elle reste la plus probable avec un nom de particulier. On attendrait davantage après la date le verbe obiit, peut-être présent dans les lacunes.
L’inscription a été réalisée, d’après l’analyse de l’écriture, vers le milieu du xiie siècle, ce qui est confirmé par l’étude de Robert Favreau sur la datation dans les inscriptions médiévales – certes à partir de la documentation française – montrant que l’usage des indictions existait déjà dans les inscriptions chrétiennes et qu’il perdurait du ixe au xiie siècle[4].