Cette inscription mentionne simplement le nom du défunt, Vulgrin, précédé d’une épithète d’honneur et suivi de sa fonction d’archevêque de Bourges. Aucun mot ne fait référence au caractère funéraire de ce texte épigraphique ; seul son emplacement (sur la tombe ou à proximité) pouvait lui conférer cette fonction. Vulgrin serait le premier archevêque inhumé dans la cathédrale de Bourges ; de manière générale l’inhumation des évêques dans leur cathédrale est rarement attestée avant le XIe siècle. Élu vers 1120-1121, il intervient dans de nombreuses entreprises de fondation (Méry-ès-Bois, Saint-Gildas-de-Rhuys etc.). Il meurt entre 1136 et 1138.
La sépulture de Vulgrin et l’inscription ont connu de nombreux déplacements, comme en témoigne la bibliographie. Elle est d’abord signalée en 1689 dans le chœur par Thaumas de La Thaumassière (l’auteur du Patriarchium situe la tombe de l’archevêque dans ce même espace), puis placée en 1760 sous l’arcade vis-à-vis de la porte méridionale du chœur selon Romelot, ensuite dans le pavage derrière le petit orgue au nord du chœur ; à la fin du XIXe siècle, Buhot de Kersers la localise dans l’église souterraine.
La bibliographie mentionnant l'inscription de Vulgrin fait état de variantes par rapport à la lecture de Thaumas de La Thaumassière, la plus ancienne transmise ; elles concernent les abréviations par suspension affectant les finales des mots dominus, archiepiscopus et Bituricensis. Buhot de Kersers évoque une dalle carrée portant un texte réparti sur deux lignes : Dom(i)n(u)s Vulgrinus / archiep(iscopu)s Bitur(icensi)s. Sans doute ces graphies abrégées, également visibles dans l’édition de Girardot et Durand, étaient-elles présentes sur l'inscription originale, mais il est difficile de l'assurer.
Comme le signale D. Boyer-Gardner, « la brièveté du texte et son attestation tardive suggèrent que cette inscription ne fut associée qu'après coup à la mémoire de Vulgrin, peut-être justement en réponse au texte du Patriarchium ». S'il est difficile de résoudre totalement les questions de datation au sujet de cette inscription, elle invite toutefois à considérer les phénomènes de création tardive de certains objets ou programmes épigraphiques[1], et à prendre en compte de ce fait les différents « temps de l'inscription »[2].
Présentation du site
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du XIIIe siècle. Commencée à la fin du XIIe siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[3]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.