​ Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire de Vulgrin  ​  ​


Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire de Vulgrin

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº4 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire d’un archevêque de Bourges. 
Inscription disparue. On ignore la nature du support de l'inscription ; ses déplacements successifs suggèrent un objet mobile, de dimension modeste. Localisation d’après la bibliographie : intérieur de l’église, chœur, à gauche, aux pieds de la tombe de Pierre de La Châtre, près du tombeau en marbre du milieu du chœur, d’après les plus anciennes attestations. ​
Datation : après 1136 [datation par identification du personnage] ou plus sûrement époque moderne.

Bibliographie

Texte d’après la copie la plus ancienne fournie par la Gallia christiana.
GC, 1656, t. I, col. 166 (version de 1720, t. II, col. 49) [texte] ; Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry, 1689, livre IV, chap. 73, p. 304 [texte] ; Romelot, Description historique de l'église de Bourges, 1824, p. 297 [texte] ; Girardot, Durand, La cathédrale de Bourges, 1845, p. 153 [texte avec variantes pour les abréviations] ; Girardot, « Inscriptions de la ville de Bourges », t. IV, 1857, p. 195 [mention] ; Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. II, 1977, p. 166 [texte avec des variantes pour les abréviations] ; Pariset, « L'établissement de la primatie de Bourges », 1902, p. 315, note 4 [texte d'après Girardot et Durand] ; Boyer-Gardner, « Souvenir et sépultures des archevêques de Bourges à la cathédrale Saint-Etienne. Une mémoire inscrite dans le choeur (XIIe - XIIIe) » Cathédrale de Bourges, dir. Irène Jourd'heuil, Syvie Marchant et Marie-Hélène Priet, Presses Universitaires François Rabelais, 2017[texte et ensemble de la tradition textuelle].

Description paléographique

Disposition inconnue.


Édition imitative

DOMINVS ​VVLGRINVS ​ARCHIESPISCOPVS ​BITVRICENSIS ​
DOMINVS ​VVLGRINVS ​ARCHIESPISCOPVS ​BITVRICENSIS ​
DOMINVS ​VVLGRINVS ​ARCHIESPISCOPVS ​BITVRICENSIS ​

Légende

Violet : caractères allographes.


DOMINVS ​VVLGRINVS ​ARCHIESPISCOPVS ​BITVRICENSIS ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.


DOMINVS ​VVLGRINVS ​ARCHIESPISCOPVS ​BITVRICENSIS ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.


DOMINVSVVLGRINVSARCHIESPISCOPVSBITVRICENSIS

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Dominus Vulgrinus archiespiscopus Bituricensis.

Traduction

Seigneur Vulgrin, archevêque de Bourges.

Commentaire

Cette inscription mentionne simplement le nom du défunt, Vulgrin, précédé d’une épithète d’honneur et suivi de sa fonction d’archevêque de Bourges. Aucun mot ne fait référence au caractère funéraire de ce texte épigraphique ; seul son emplacement (sur la tombe ou à proximité) pouvait lui conférer cette fonction. Vulgrin serait le premier archevêque inhumé dans la cathédrale de Bourges ; de manière générale l’inhumation des évêques dans leur cathédrale est rarement attestée avant le XIe siècle. Élu vers 1120-1121, il intervient dans de nombreuses entreprises de fondation (Méry-ès-Bois, Saint-Gildas-de-Rhuys etc.). Il meurt entre 1136 et 1138.

La sépulture de Vulgrin et l’inscription ont connu de nombreux déplacements, comme en témoigne la bibliographie. Elle est d’abord signalée en 1689 dans le chœur par Thaumas de La Thaumassière (l’auteur du Patriarchium situe la tombe de l’archevêque dans ce même espace), puis placée en 1760 sous l’arcade vis-à-vis de la porte méridionale du chœur selon Romelot, ensuite dans le pavage derrière le petit orgue au nord du chœur ; à la fin du XIXe siècle, Buhot de Kersers la localise dans l’église souterraine.

La bibliographie mentionnant l'inscription de Vulgrin fait état de variantes par rapport à la lecture de Thaumas de La Thaumassière, la plus ancienne transmise ; elles concernent les abréviations par suspension affectant les finales des mots dominus, archiepiscopus et Bituricensis. Buhot de Kersers évoque une dalle carrée portant un texte réparti sur deux lignes : Dom(i)n(u)s Vulgrinus / archiep(iscopu)s Bitur(icensi)s. Sans doute ces graphies abrégées, également visibles dans l’édition de Girardot et Durand, étaient-elles présentes sur l'inscription originale, mais il est difficile de l'assurer.

Comme le signale D. Boyer-Gardner, « la brièveté du texte et son attestation tardive suggèrent que cette inscription ne fut associée qu'après coup à la mémoire de Vulgrin, peut-être justement en réponse au texte du Patriarchium ». S'il est difficile de résoudre totalement les questions de datation au sujet de cette inscription, elle invite toutefois à considérer les phénomènes de création tardive de certains objets ou programmes épigraphiques[1], et à prendre en compte de ce fait les différents « temps de l'inscription »[2].


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du XIIIe siècle. Commencée à la fin du XIIe siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[3]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.




[1] Voir à ce sujet Embs A., « Nécropole dynastique, mémoire claniques : naissance et développement d’un phénomène » Mémoires, tombeaux et sépultures à l’époque romane. Cahiers de Saint-Michel-de-Cuxa, 42, 2011, p. 131-141.
[2] Sur les temps de l'inscription, voir Treffort C., Paroles inscrites. À la découverte des sources épigraphiques latines du Moyen Âge , Rosny-sous-Bois, 2008, p. 38-42.
[3] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-léger-Vauban, 2000.