​ Sidiailles, église Saint-Pierre et Saint-Paul ​- ​Inscription campanaire  ​  ​


Sidiailles, église Saint-Pierre et Saint-Paul ​- ​Inscription campanaire

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº174 ​  ​


Description générale

Inscription sur la cloche. 
Cloche. ​ Bronze.  Dimensions de la cloche : diamètre de base : 82 ; diamètre en couronne : 43,5 x 68.3 x cm. État de conservation : bon (la cloche a été restaurée en 2000). Inscription conservée in situ. ​ Cette cloche est protégée au titre des Monuments Historiques (elle a été classée au titre objet le 10/10/1891, référence : PM18000400).Caractères appliqués et fondus, en relief.
Datation : 1239 [par datation interne], XIIIe siècle [datation paléographique large].

Bibliographie

Texte d’après les clichés de l’original.
Berthelé, Enquêtes campanaires, 329-330 [texte], p. 329-330 [texte] ; Deshoulières, Cher, 1932, p. 249 [texte complet] ; Gauchery, « Les anciennes cloches du département du Cher », 1937-1938, p. 71-72 [texte] ; Favreau, « Mentem sanctam spontaneam honorem Deo et patriae liberationem », 1982, p. 239 [mention] ; Gonon, Les cloches en France au Moyen Âge. Corpus, 2002, p. 586 [texte avec variantes].

Description paléographique

Disposition sur deux lignes qui font le tour du cerveau (les caractères sont très espacés pour la première ligne). Écriture régulière et élégante, de graphie majoritairement onciale. Module large, ductus complexe, alternance très marquée entre pleins et déliés. Ponctuation par une croix grecque, cantonnée de quatre points disposés en losange, au début de chaque ligne ; partout ailleurs deux points verticaux entre les mots. Abréviations : par contraction pour Domini ; O suscrits dans la date ; et marqué par l’esperluette. Beaucoup de lettres sont ornées d’enroulements à leurs extrémités ou perlées. Les I sont tripartites à leur extrémité supérieure, rappelant une fleur de lys.





Édition imitative


1 ​⸬ ​✝⸬ ​ANNO ​: ​DNI ​: ​Mͦ: ​CCͦ: ​XXͦX: ​ IͦX ​: ​A ​: ​ω ​
2 ​✝MENTEM ​: ​SANCTAM ​: ​SPONTANEAM ​: ​HONOREM ​: ​DEO ​: ​& ​: ​PATRIE ​: ​LIBERACIONEM ​

1 ​⸬ ​✝⸬ ​AO ​: ​DI ​: ​ͦ: ​CCͦ: ​XXͦX: ​ IͦX ​: ​A ​: ​ω ​
2 ​✝Ꞇ ​: ​SACꞆA ​: ​SPOꞆAA ​: ​HOOR ​: ​DO ​: ​& ​: ​PAꞆRI ​: ​LIBRACIO ​

1 ​⸬ ​⸬ ​AO ​: ​DI ​: ​ͦ: ​CCͦ: ​XXͦX: ​ IͦX ​: ​A ​: ​ω ​
2 ​ ​: ​SACA ​: ​SPOAA ​: ​HOOR ​: ​DO ​: ​& ​: ​PARI ​: ​LIBRACIO ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​⸬ ​✝⸬ ​AO ​: ​DI ​: ​ͦ: ​CCͦ: ​XXͦX: ​ IͦX ​: ​A ​: ​ω ​
2 ​✝Ꞇ ​: ​SACꞆA ​: ​SPOꞆAA ​: ​HOOR ​: ​DO ​: ​& ​: ​PAꞆRI ​: ​LIBRACIO ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​⸬ ​✝⸬ ​AO ​: ​DI ​: ​ͦ: ​CCͦ: ​XXͦX: ​ IͦX ​: ​A ​: ​ω ​
2 ​✝Ꞇ ​: ​SACꞆA ​: ​SPOꞆAA ​: ​HOOR ​: ​DO ​: ​& ​: ​PAꞆRI ​: ​LIBRACIO ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​AO ​: ​DI ​: ​ͦ ​: ​CCͦ ​: ​XXͦX ​: ​ ​ IͦX ​ ​: ​ ​A ​: ​ω
2 ​✝Ꞇ:SACꞆA:SPOꞆAA:HOOR:DO:&:PAꞆRI:LIBRACIO

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Anno D(omi)ni 1239, alpha, omega. Mentem sanctam spontaneam honorem Deo et patrie liberacionem.

Traduction

L’an du Seigneur 1239, alpha, oméga.
Un esprit sain, spontané, l’honneur pour Dieu et la libération de la patrie.

Commentaire

La cloche de Sidiailles est la plus ancienne cloche encore en activité en France et une des plus anciennes portant une inscription[1]. La formule inscrite sur cette cloche, mentem sanctam spontaneam, honorem Deo et patriae liberationem, est un des textes campanaires les plus répandus à partir du XIIIe siècle, et ceci jusqu’au XVIIIe siècle. Sa source est une antienne de l’office de sainte Agathe. Cette sainte aurait été martyrisée au milieu du IIIe siècle, à Catane, et des anges auraient déposé à la tête de son tombeau une tablette de marbre portant cette inscription : Mens sancta, spontaneus honor Dei, et patriae liberatio (Siméon Métaphraste), Mens sancta spontanea, honor Deo et patriae liberatio (Méthode). Un office lui est assigné dès le Xe siècle. À partir de la fin du Xe ou au début du XIe siècle, on trouve l’antienne : Mentam sanctam spontaneam, honorem Deo et patriae liberationem.

Sainte Agathe était invoquée comme protectrice contre tout ce qui brûle, incendies, foudre, feu du Purgatoire. La liturgie de bénédiction des cloches invitait à ce rapprochement avec le culte d’une sainte protectrice contre le feu et les tempêtes. La première mention datée de ce texte sur une cloche semble se situer à Saint-Jean-l’Évangéliste de Ravenne en 1208[2].

Malgré la date inscrite sur la cloche de l’église de Sidiailles, certains archéologues ont émis des doutes sur l’attribution de cet objet au XIIIe siècle, en faisant observer que la légende Mentam spontaneam, empruntée à la vie de sainte Agathe, n’apparaissait, dans l’épigraphie campanaire, qu’au XIVe siècle. L’article de Robert Favreau ayant montré que cette formule se lisait dès le XIIIe siècle permet de suivre la datation interne de la cloche, l’analyse paléographique ne contredisant pas cette proposition. La graphie est très similaire à celle des inscriptions sur les cloches de La Celle-Condé (notice n°135) et de Neuilly-en-Dun (notice n°155).




[1] La cloche inscrite la plus ancienne est celle de Fontenailles, conservée au Musée de Bayeux ; elle porte la date de 1202 (CIFM, 22, n°9 Calvados, p. 31-32, fig. 1-2).
[2] Rohault de Fleury, La Messe : études archéologiques sur ses monuments , Paris, VI, 1888, p. 160.