​ Tours, Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Erveus  ​  ​


Tours, Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Erveus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº11 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, calcaire.  Collection du Musée des Beaux-Arts, n° inv. 2004.1.6. Cette inscription fut découverte par Mgr C. Chevalier « dans le mur méridional du baptistère, mur remanié au XIIe siècle, au-dessus d’une porte ». Classée monuments historiques au titre des Antiquités et objets d’art le 24/07/1963 (n° PM 370000759). En 2002, elle était conservée dans les collections de l’ex-Musée martinien, situé dans la chapelle Saint-Grégoire, annexe de la crypte située sous la basilique moderne de Saint-Martin. Après avoir été présentée au château de Tours lors de l’exposition « Inscriptions carolingiennes », elle a été déposée au Musée Saint-Martin où elle est aujourd’hui exposée. L’inscription est gravée à la pointe dans un calcaire assez tendre. La surface inscrite est presque entière et son mauvais état de conservation n’empêche pas de lire l’ensemble du texte. Un cadre général a été tracé avant inscription, mais l’écriture commence à presque cinq centimètres de la réglure de gauche, comme si on avait ménagé un espace latéral pour la décoration. En effet, entre la croix de début et le premier mot, un petit dessin est incisé, comme une sorte de cloche. Rien n’apparaît en revanche en dessous. La surface inscrite mesure 32 cm de large pour 15 cm de haut et 18 cm de profondeur. Le bloc devait servir dès l’origine de moellon de construction et le texte se présentait donc gravé contre un mur. En dessous du texte principal, on observe quelques graffitis, mais ils semblent plus tardifs et ne présentent pas de véritable sens.
Datation : Xe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original (vu au Musée martinien en 2002).
Chevalier, « Les fouilles de Saint-Martin », 1888, p. 98-99 ; Vieillard-Troiekouroff, « Les sculptures et objets préromans », 1962, p. 116 [texte], fig. 37 [photo] ; Treffort, « Alcuin, rédacteur d’inscriptions », 2004, p. 14 [texte] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 200 [texte partiel] ; CIFM, 25, n°116, p. 135 [notice abrégée].

Description paléographique

La taille des lettres est irrégulière et va de 2,8 cm (1ère ligne) à 1,8 cm (3ème ligne). Trois lignes profondément incisées déterminent trois champs épigraphiques superposés dont la taille diminue (de haut en bas, 4, 3 puis 2 cm). Une réglure supplémentaire, visible seulement à quelques endroits (bas des lettres de la 2ème ligne) a servi pour guider la main du graveur. Les mots ne sont pas séparés ; un seul signe de ponctuation est visible, marquant la fin de l’inscription. L’abréviation de (qu)i, à la ligne 3 utilise un signe[1] qui dénote peut-être d’une habitude de scribe, à moins qu’il ne s’agisse d’un signe de ponctuation. Le module des lettres est décroissant mais le rapport modulaire des lettres reste constant dans les trois lignes. Il s’agit, majoritairement, de capitales romaines (parfois larges, parfois un peu plus allongées), à l’exception d’un Q minuscule (l. 1), d’une barre transversale de A brisée (pour une droite) et de trois C carrés (un autre C étant très rond de même que le D et les deux O de l’inscription).





Édition imitative


1 ​✝[2]HIC ​REQVIESCIT ​
2 ​ERVEVS ​SVBDIACO
3 ​NVS ​[3] I ​OBIIT ​IN ​PACE ​⁖ ​

1 ​✝[2]HI ​REqVIESCIT ​
2 ​ERVEVS ​SVBDIAO
3 ​NVS ​[3] I ​OBIIT ​IN ​PAE ​⁖ ​

1 ​[2]HI ​REqVIESCIT ​
2 ​ERVEVS ​SVBDIAO
3 ​NVS ​[3] I ​OBIIT ​IN ​PAE ​⁖ ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​✝[2]HI ​REqVIESCIT ​
2 ​ERVEVS ​SVBDIAO
3 ​NVS ​[3] I ​OBIIT ​IN ​PAE ​⁖ ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​✝[2]HI ​REqVIESCIT ​
2 ​ERVEVS ​SVBDIAO
3 ​NVS ​[3] I ​OBIIT ​IN ​PAE ​⁖ ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​✝[2]HIREqVIESCIT
2 ​ ​ ​ERVEVSSVBDIAO
3 ​ ​ ​NVS[3] IOBIITINPAE

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[2] Hic requiescit Erveus subdiaco nus (qu)i obiit in pace.

Traduction

Ici repose Erveus, sous-diacre, qui mourut en paix.

Commentaire

Le texte est très simple et ne suggère pas de grands commentaires, sinon pour remarquer l’absence de toute mention chronologique (y compris pour le jour du décès), ce qui, habituellement, caractérise plutôt les inscriptions intérieures au tombeau, dépourvues de fonction commémorative.

La datation de cette inscription ne peut être que paléographique ; l’association entre des capitales romaines encore très rondes ou amples et de quelques C carrés ou des lettres plus étroites, une certaine séparation des mots et la ponctuation finale invitent à proposer le Xe siècle tout en restant prudent sur cette datation à cause de la médiocrité de l’exécution de l’inscription. Aucune information complémentaire ne permet d’identifier cet Erveus, sous-diacre, qui ne doit toutefois pas être confondu avec le trésorier du même nom qui restaura la basilique du tout début du XIe siècle et dont on conservait encore à l’époque moderne l’épitaphe sur plomb dans les archives[4].




[1] Le signe prend cette forme :
[2] Petit dessin incisé, comme une sorte de cloche.
[3] Un signe abréviatif de qu prend cette forme :
[4] Chevalier, Les fouilles de Saint-Martin, 1888, p. 116-117.