​ Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Oulricus  ​  ​


Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Oulricus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº36 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire et obituaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Découverte en mars 1869 dans les fouilles menées à Angers par Armand Parrot sur la place du Ralliement, cette inscription est aujourd’hui conservée à Angers, dans les réserves du Musée des Antiquités (n° d’inv. GF 25). Elle est sculptée sur une dalle d’ardoise. La pierre est tronquée du côté gauche (il manque quelques centimètres) et la surface est très usée, certaines lettres ayant pratiquement disparu. Le seul décor est un cadre à double raie qui court autour de l’inscription et limite à droite une marge d’environ 18 cm, laquelle a reçu quelques lettres gravées de manière légère (graffitis). Du fait de sa mutilation, les dimensions de la pierre sont moins importantes que d’autres de la même série : 149 cm de long pour 43 cm de large et environ 7 cm d’épaisseur. Le champ épigraphique couvre pratiquement l’ensemble de la surface. Certaines imperfections de la pierre semblent avoir gêné le lapicide (espace entre U et S de corpus l. 1). L’usure de la pierre a fait disparaître la double réglure nécessaire pour composer un texte aussi régulier et parfois ne restent des lettres que les traits les plus profondément gravés. Inscription partielle ; état de conservation : bon.
Datation : 910 [datation interne, en accord avec la paléographie].

Bibliographie

Lecture d’après l’original (vu en place en 2002).
Paris, BnF, ms nouv. acq. lat. 6129 (collection Guilhermy, vol. 36), fol.30 [mention] ; Paris, BnF, ms. nouv. acq. lat. 5569 (collection Ramé), liasse 1, VIII, n° 704-705 [estampage]  ; Godard-Faultrier, Ville d’Angers, 1884, n°25, p. 105 [texte] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique Ato », n°7 [texte] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 200 [texte] et p. 314 [mention].

Description paléographique

Les lettres sont en grande majorité des capitales romaines. On peut noter l’usage de quelques minuscules (Q de requiescit l. 1) et lettres carrées (2 G l. 3, dans migravit et legitis). Le module des lettres est très régulier et seuls deux I sont plus petits[1]. Certains mots (l. 2 et 3) sont séparés par des points de ponctuation simple. On ne note ni enclavement, ni conjonction de lettres et les abréviations sont rares. Toutefois, elles sont utilisées non seulement pour la date (k(a)l(endas) et oct(ob)ris l. 2) et le nomen sacrum du Seigneur (D(omi)ni l. 4), mais également pour d’autres mots plus courants comme s(e)c(u)lo ou om(nes) l. 3. Trois tildes sont droits et un perlé.





Édition imitative


1 ​[..]C ​REQVIESCIT ​CORPVS ​VIRI ​BO
2 ​[.]E ​MEMORIE ​· ​OVLRICVS ​· ​V ​· ​K̅L ​OCTRI̅S ​
3 ​[..]GRAVIT ​· ​A ​· ​SCL̅O ​· ​OM̅S ​QVI ​LEGITIS ​[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE ​
4 ​---] ​I[..]ARNACIONIS ​DN̅I ​NOSTR ​
5 ​---]DCCCCX ​

1 ​[..]C ​REqVIESCIT ​CORPVS ​VIRI ​BO
2 ​[.]E ​MEMORIE ​· ​OVLRICVS ​· ​V ​· ​K̅L ​OCTRI̅S ​
3 ​[..]RAVIT ​· ​A ​· ​SCL̅O ​· ​OM̅S ​qVI ​LEITIS ​[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE ​
4 ​---] ​I[..]ARNACIONIS ​DN̅I ​NOSTR ​
5 ​---]DCCCCX ​

1 ​[..]C ​REqVIESCIT ​CORPVS ​VIRI ​BO
2 ​[.]E ​MEMORIE ​· ​OVLRICVS ​· ​V ​· ​K̅L ​OCTRI̅S ​
3 ​[..]RAVIT ​· ​A ​· ​SCL̅O ​· ​OM̅S ​qVI ​LEITIS ​[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE ​
4 ​---] ​I[..]ARNACIONIS ​DN̅I ​NOSTR ​
5 ​---]DCCCCX ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​[..]C ​REqVIESCIT ​CORPVS ​VIRI ​BO
2 ​[.]E ​MEMORIE ​· ​OVLRICVS ​· ​V ​· ​K̅L ​OCTRI̅S ​
3 ​[..]RAVIT ​· ​A ​· ​SCL̅O ​· ​OM̅S ​qVI ​LEITIS ​[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE ​
4 ​---] ​I[..]ARNACIONIS ​DN̅I ​NOSTR ​
5 ​---]DCCCCX ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​[..]C ​REqVIESCIT ​CORPVS ​VIRI ​BO
2 ​[.]E ​MEMORIE ​· ​OVLRICVS ​· ​V ​· ​K̅L ​OCTRI̅S ​
3 ​[..]RAVIT ​· ​A ​· ​SCL̅O ​· ​OM̅S ​qVI ​LEITIS ​[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE ​
4 ​---] ​I[..]ARNACIONIS ​DN̅I ​NOSTR ​
5 ​---]DCCCCX ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​[..]CREqVIESCITCO ​RPV ​SVIRIBO ​ ​
2 ​[.]EMEMORIE·OVLRICVS·V·K̅LOCTRI̅S
3 ​[..]RAVIT·A·SCL̅O·OM̅SqVILEITIS[En dehors du cadre, quelques lettres graffitées : ]O[.]ATE
4 ​---]I[..]ARNACIONISDN̅INOSTR ​
5 ​---]DCCCCX

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[Hi] c requiescit corpus viri bo[n]e memorie Oulricus. V ​k(a)l(endas) oct(ob)ris [mi]gravit a s(e)c(u)lo. Om(ne)s qui legitis ​o[r] ate. [Anno] i[nc]arnacionis D(omi)ni nostr(i) [---] DCCCCX.

Traduction

Ici repose le corps d’un homme de bonne mémoire, Oulricus. Il a quitté le siècle le cinq des calendes d’octobre [27 septembre]. Vous tous qui lisez, priez, l’an de l’incarnation de notre Seigneur 910.

Commentaire

L’inscription, relativement simple, n’appelle pas de commentaire linguistique, sinon qu’on peut remarquer l’absence de diphtongue et le début du nom propre, Oulricus. Les formules utilisées dans la composition de cette épitaphe, sont assez courantes. Remarquons toutefois la place particulière de l’expression Omnes qui legitis que l’on n’attend pas forcément entre les deux éléments de datation complétant migravit a seculo, suggérant une composition par juxtaposition de formules habituelles, phénomène reconnu par exemple pour l’épitaphe anonyme de Ligugé[2]. Le fait que la demande de prière orate ait été graffitée en dehors du cadre de l’inscription pourrait témoigner d’une certaine confusion au moment de la composition du texte, confusion ayant obligé le lapicide à adapter la mise en page. D’un autre côté, celui-ci a pu considérer que la formule était assez connue pour ne pas être obligé de la graver en entier, dans la mesure où, même si la lecture du mot orate semble certaine, on ne peut attester de la simultanéité de la réalisation des deux parties de la formule.

L’inscription porte sa date : 910. Les caractéristiques paléographiques confirment cette datation, par comparaison avec l’épitaphe découverte à Saint-Martin d’Angers, datée de 925 et réutilisée par Durant[3]. On ignore en revanche les conditions exactes de découverte et aucun Oulricus n’est connu pour cette date dans la documentation régionale. Son nom, formé à partir de la racine Odal-[4], est relativement fréquant à l’époque, y compris dans la documentation angevine, sous la forme plus courante de Ulricus.




[1] I de octobris l. 2 et 2ème I de legitis l. 3.
[2] Treffort, C., « La dalle funéraire », 2007, p. 73.
[3] Voir dans ce volume la notice n° 26.
[4] Morlet, Les noms de personne, 1972, t. I, p. 176.