Le texte principal est en vers. Les sept premiers sont des hexamètres et le vers final est un pentamètre. Les vers 2 à 7 sont corrects et s’inspirent directement du poème d’Alcuin pour l’église d’York[1]. Le premier vers du poème est en revanche fautif puisqu’il compote deux hiatus (Ato abba et abba in) ; le compositeur du texte a ici éprouvé des difficultés à insérer le nom du défunt (qui commence et se termine par une voyelle) dans une construction par ailleurs très fréquente en épigraphie funéraire. Le pentamètre qui clôt le texte est quant à lui correct et emprunte également au lexique couramment employé dans les poèmes funéraires de l’époque carolingienne[2], même si sa construction est plus originale que celle des autres épitaphes lapidaires angevines et se rapprocherait davantage de la poésie manuscrite, notamment celle d’Alcuin[3].
Malgré la qualité de la composition (qui témoigne de l’habitude carolingienne du centon)[4], on apprend peu de choses sur le défunt mentionné à la première ligne de l’inscription. Grâce au mot abba à la même ligne et à la découverte de l’inscription sur la Place du Ralliement, on peut envisager qu’Ato était abbé de Saint-Maimbœuf, même si on ne retrouve pas trace du personnage dans la documentation angevine conservée. On peut cependant, par l’onomastique, replacer Ato dans l’entourage fidèle de l’empereur carolingien, ce que confirmerait la datation par le règne de Louis le Pieux dans le cadre placé à droite sur la dalle[5].
Cette association étroite au pouvoir carolingien se retrouve dans la qualité de l’écriture, véritable exemple d’une graphie réformée, dans la perfection du latin, dans l’emprunt de formules communes dans la poésie de la cour impériale. L’inscription funéraire pour Ato apparaît ainsi comme un témoin de première importance pour mesurer la réalité des réformes culturelles carolingiennes et la vitalité de la création graphique dans la première moitié du IXe siècle.