Paul Warnefried, dit Paul Diacre, né vers 720-730 en Frioul, est devenu diacre d'Aquilée vers 763. Dans son œuvre la plus importante, l'Historia Longobardorum, traitant du VIe siècle il présente une courte biographie de cet homme « vénérable et très sage » que fut Venance Fortunat - né près de Trévise, dans la même région nord-est de l'Italie que Paul Diacre - et fait à son propos une digression : « Comme j'étais venu à son tombeau pour y prier, j'ai composé cette épitaphe, à la demande d'Aper, abbé de ce lieu ».
L'épitaphe est composée de distiques élégiaques, mais Paul Diacre l'a voulu exprimée en termes simples, et elle est, de fait, facile à comprendre. Paul Diacre rappelle les titres de Fortunat, la qualité de ses vers -"prince des poètes"- qui ont été appréciés des siècles après sa mort, ses biographies de saints (Hilaire, Martin, Radegonde...). Il est curieux de le voir dit "natif d'Ausonie", c'est-à-dire de la région illustrée par le bordelais Ausone au IVe siècle. Tant Virgile (Mantua me genuit) que Lucain (Corduba me genuit) rappellent leurs lieux de naissance. On retrouve cette même mention d'origine à l'époque carolingienne dans les épitaphes de Pépin roi d'Italie à Milan (801), d'Angilbert à Saint-Riquier (814), de Théodufle d'Orléans (821), de Franco évêque du Mans (832). Pour le reste, l'épitaphe est tout à fait conventionnelle dans son éloge et dans sa demande finale d'intercession. Le ingenio clarus de Paul Diacre se retrouvera à Einsiedeln au début du XIe siècle, au Bec Hellouin en 1109 et 1136, hac tumulatur humo est à Die fin XIIe siècle, le redde vicem, qu'emploie Ovide, sera aussi employé par Alcuin pour sa propre épitaphe, et on a eximiis meritis ou eximius meritis à Beauvais au IXe siècle, à Vienne en 1224. Si Paul Diacre est surtout connu comme historien des Lombards, il a composé aussi un certain nombre de textes versifiés qui ont été publiés parmi les œuvres des poètes latins de l'époque carolingienne, publication où figure l'épitaphe de Fortunat.
Il est intéressant de voir Paul Diacre célébrer non seulement le poète et l'hagiographe mais le saint. La fête de Fortunat était célébrée solennellement le 14 décembre en l'église Saint-Hilaire, où a existé, jusqu'à la Révolution, un autel Saint-Fortunat, situé du côté nord à proximité du clocher.
Il s'agit probablement d'une composition littéraire, qui n'a pas été effectivement inscrite sur le tombeau de Fortunat.
Les tombeaux de saint Hilaire et de saint Fortunat ont été ouverts et brûlés par les huguenots en 1562. La chapelle de saint Fortunat se trouvait dans le collatéral nord, contre le clocher. L'histoire du culte de Fortunat a été retracée par le Père Baudouin de Gaiffier.